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L’équipe médicale du CIEM.
La Haute Autorité de santé (HAS) vient d'émettre un avis sur le dépistage du cancer broncho-pulmonaire, qui encourage la mise en place d'expérimentations de dépistage en vie réelle chez les sujets à risque.
Cet avis remet en cause celui paru en 2016. En effet, à cette date, l'agence sanitaire avait considéré que les conditions de qualité, d'efficacité et de sécurité pour la mise en place d'un tel dépistage n'étaient pas réunies. Mais depuis, de nouvelles données ont été publiées. Elles concluent que le dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner low dose chez les personnes ayant un risque augmenté de ce cancer réduit la mortalité spécifique de celui-ci.
La décision de la HAS est aussi liée au fait que le cancer broncho-pulmonaire est le cancer le plus mortel en France, à l'origine de plus de 33 000 décès par an souvent dus à un diagnostic tardif. Chez l'homme âgé de 45 à 64 ans, il représente la première cause de décès, toutes causes confondues. Et il est aussi en forte progression chez la femme. En outre, c'est un cancer souvent évitable car le tabac en est responsable dans 8 cas sur 10.
Pour la HAS, la mise en place d'un dépistage systématique chez les populations fortement exposées au tabac, pourrait entrainer une diminution significative de la mortalité spécifique de ce cancer, de l'ordre de 5 vies sauvées pour 1000 personnes dépistées (en fonction des modalités de dépistage). Cela via, en particulier, la détection plus précoce des cancers (actuellement 40 à 55 % des cancers sont détectés à un stade 4), ce qui permet la mise en place d'un traitement plus efficace. En effet, la survie à 5 ans du cancer broncho-pulmonaire n'est ainsi que de 4 % au stade 4. « Ces résultats restent toutefois à confirmer, au vu de l'hétérogénéité élevée des résultats et des protocoles d'études incluses dans les méta-analyses », précise la HAS.
C'est pourquoi elle souhaite mettre en place un programme pilote et d'essais complémentaires, dont l'objectif sera aussi d'étudier les risques de surdiagnostic (diagnostic de lésions cancéreuses peu évolutives ou qui ne seraient jamais devenues symptomatiques, voire de faux positifs) à l'origine d'une anxiété, d'examens complémentaires, et de traitements inutiles. Ainsi, selon les études analysées par la HAS, entre 0,1 % et 1,5 % des personnes incluses ont reçu un résultat faux positif qui a entrainé un bilan diagnostique invasif à l'origine de complications mineures à graves dans 0,1 % à 1,3 % des cas.