Bonne lecture.
L’équipe médicale du CIEM.
Burn Out, manifestations cliniques, diagnostic
Le syndrome d'épuisement professionnel a été décrit pour la première fois en 1974 comme « un état de fatigue chronique, de dépression et de frustration,
apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie, qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer l'implication et l'accomplissement du travail ».Les problèmes de souffrance au travail connaissent depuis plusieurs dizaines d'années une extension majeure. Ceci n'est pas seulement le fait d'une pénibilité accrue du travail mais surtout de l'évolution de la relation au travail.
Après les affections de l'appareil locomoteur, la souffrance psychique causée ou aggravée par le travail est le 2ème groupe d'affections d'origine professionnelle décrit dans la population salariée active française.
Le Burn Out est un état d'épuisement physique, émotionnel et mental
qui survient quand le contexte professionnel est source de stress chronique et que le sujet se considère sans contrôle pour y faire face.Ce n'est pas un trouble psychopathologique. Il touche des individus « normaux », souvent sans antécédents. C'est l'adaptation dysfonctionnelle d'un sujet qui fait face à des contraintes professionnelles croissantes, pour lesquelles, malgré des efforts considérables d'adaptation, les ressources sont ressenties comme insuffisantes.
Le sujet essaye dans un premier temps de minimiser les difficultés et de tolérer le problème. Il augmente souvent son temps de travail (le « présentéisme »), ce qui majore la fatigue. Il tente de contrôler les paramètres en son pouvoir, avec des efforts ressentis comme considérables, mais s'aperçoit que c'est inefficace.
L'épuisement physique et psychique s'installe alors insidieusement, avec un sentimentde dépassement. Des doutes sur ses propres compétences puis un désinvestissement sont observés, enfin, un repli sur soi, un cynisme par rapport au travail, voire une agressivité vis à vis des bénéficiaires de ce travail.
Une anxiété, une tristesse de l'humeur, une irritabilité ou au contraire un manque d'entrain sont fréquents. La perte d'estime de soi qui en résulte est très douloureuse. Elle est difficile à partager. Ce qui ajoute au déni et à la chronicisation du tableau. Un cortège de signes physiques est fréquent : céphalées, insomnie, fatigue, douleurs musculaires, troubles de concentration, trouble de la mémoire...
Le recours à des médicaments psychotropes, à l'alcool de façon de plus en plus régulière, permet au sujet de faire face, de tenir le coup au regard d'une pression ressentie comme de plus en plus forte. Si la situation tend à se dégrader très progressivement, la rupture est volontiers brutale et bruyante. Le sujet est alors dans l'incapacité totale de continuer à exercer son activité professionnelle et est mis en arrêt de travail. La mise à distance du travail permet un soulagement transitoire. Mais le temps de retour à l'équilibre est souvent long et complexe.
La démarche diagnostique permet de caractériser le syndrome
en repérant des pathologies sous-jacentes éventuelles telles que, notamment, un trouble de l'adaptation, un trouble anxieux, un trouble dépressif ou un état de stress post-traumatique. Le risque suicidaire doit être particulièrement évalué. Cette démarche implique une recherche des facteurs de risque.Un bilan somatique
doit rechercher une pathologie organique associée qui aurait pu se manifester par certains des symptômes cités précédemment.L'analyse des conditions de travail
est faite prioritairement avec le médecin du travail, ou le centre de consultation de pathologie professionnelle.Médecin interniste au CIEM