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L’équipe médicale du CIEM.
Mars bleu : comment organiser le dépistage et la prévention du cancer colorectal en France ?
Le cancer colorectal est l'un des cancers les plus fréquents qui touche indifféremment les 2 sexes et est précédé dans au moins 90 % des cas par une lésion bénigne extirpable par coloscopie, le polype.
Quelques chiffres
43 000 nouveaux cas chaque année, 17 000 décès chaque année, 94 % des cancers surviennent après l'âge de 50 ans.
Quelques concepts importants
Seule la coloscopie permet de faire le diagnostic et l'ablation des polypes coliques ; toute la stratégie consiste donc à déterminer chez qui il faut faire une coloscopie.
Une stratégie de dépistage (quelle que soit la maladie à dépister) s'adresse aux patients n'ayant aucun symptôme. Dès lors qu'un patient présente des symptomes digestifs (douleurs abdominales d'aggravation récente, troubles du transit, sang dans les selles, anémie, perte de poids inexpliquée), il s'agit alors d'une stratégie diagnostique et seule une coloscopie est utile dans cette situation.
Définir les groupes à risque pour établir une stratégie optimale de dépistage
- Les patients considérés comme étant à risque dit « très élevé » sont ceux ayant un antécédent familial de polypose adénomateuse familiale, ou syndrome HNPCC ou de Lynch. Cette situation est rare (5 %) mais nécessitant un suivi en milieu spécialisé.
- Les patients considérés comme étant à risque élevé sont les patients ayant :
- Un antécédent personnel de polype colique ou de cancer colorectal,
- Un antécédent familial au premier degré de polype colique ou de cancer colorectal quel que soit l'âge du diagnostic,
- 2 antécédents familiaux au second degré de cancer ou adénome colique quel que soit l'âge du diagnostic,
- Un antécédent familial au second degré de cancer colorectal survenu avant 50 ans,
- Une colite inflammatoire (Crohn, RCH).
Dans ces cas, le dépistage repose exclusivement sur la coloscopie à partir de 50 ans ou 5 ans avant l'âge du cas index (l'antécédent familial) le plus jeune.
La population considérée comme à risque moyen est l'ensemble du reste de la population entre 50 et 74 ans et le dépistage repose sur le test immunologique.
Ce test, proposé en France tous les 2 ans à toute la population de 50 à 74 ans, consiste en un examen de selles, sur un seul prélèvement, dont un résultat positif (5 % des cas) correspond à la détection de la présence de sang dans les selles ; chez une personne de plus de 50 ans, on sait dans cette situation que la probabilité d'avoir un polype (le plus souvent) ou éventuellement un cancer colorectal est de l'ordre de 50 %. Il est donc alors nécessaire de faire une coloscopie qui permettra de confirmer la présence ou non de polypes et d'en faire l'ablation dans le même temps.
Il est important de préciser qu'un test immunologique négatif n'élimine pas de manière formelle la présence de polype et/ou de cancer, ce test n'a de valeur que positif.
Dernier chiffre pour convaincre chacun de s'impliquer dans le dépistage selon son appartenance à un groupe à risque : si plus de 50% de la population entre 50 et 75 ans dit à risque moyen réalise le test immunologique tout les 2 ans la mortalité globale par cancer colorectal diminuera de 20 %.