Bonne lecture.
L’équipe médicale du CIEM.
Principe et histoire de la vaccination
Depuis Jenner et Pasteur, les « pères » de la vaccination, de nombreux vaccins, dont beaucoup sont devenus obligatoires, ont sauvé des millions de vies.
La stratégie de base de tout vaccin consiste à préparer une forme inoffensive de l'agent infectieux, ou de ses toxines, ou de son patrimoine génétique, qui possède les déterminants antigéniques capables d'induire une immunité protectrice. La vaccination peut prévenir des maladies liées à des toxines utilisées en les modifiant en anatoxines (diphtérie, tétanos). On peut utiliser des vaccins inactivés (microorganismes tués) ou atténués (BCG, poliomyélite par voie orale, oreillons, rougeole, fièvre jaune) ou des sous-unités antigéniques (hépatite B) ou de l'ARNm (SARS-CoV2).
Alors que la variole aussi appelée « petite vérole », touche une grande partie de la population, en 1796, le médecin anglais Edward Jenner constate que les personnes qui s'occupent de la traite des vaches ne développent pas la maladie. Les laitières sont en fait protégées de la variole par la maladie de la vache, une pathologie bénigne qui fait apparaître des pustules sur leurs mains. Edward Jenner a l'idée d'injecter un peu de pus d'une laitière dans le bras d'un jeune enfant qui ne contractera jamais la variole. En injectant une forme non virulente de l'agent responsable d'une maladie, Jenner a utilisé la spécificité et la mémoire de la réponse immunitaire acquise pour jeter les bases de la vaccination moderne. Pas encore connu sous ce nom, le terme de vaccination (du latin vacca, vache) plutôt que d'immunisation fut retenu en l'honneur de Jenner.
En 1967 l'Organisation Mondiale de la Santé proposa une campagne de vaccination systématique, il y avait alors 16 millions de cas de variole dans le monde et 2 millions de morts par an. Dix ans plus tard, la variole fut éradiquée. Le coût de cette campagne de 300 millions de dollars était 100 fois moins élevé que l'expédition de Neil et Armstrong sur la lune !
En 1885, Pasteur découvre le vaccin contre la rage. Lorsqu'il débute ses recherches, il s'est déjà illustré dans la conception de divers vaccins contre le choléra chez les poules, contre le rouget chez le porc ou encore contre la maladie du charbon chez les vaches. Après avoir réalisé des tests sur des lapins, Pasteur injecte pour la première fois son vaccin contre la rage à un jeune garçon. Mordu quatorze fois par un chien enragé, Joseph Meister reçoit dix jours de traitement qui l'empêchent effectivement de développer la maladie.
Au début du XXe siècle, la tuberculose, aussi appelée « peste blanche », fait 100 000 à 200 000 morts en France. En 1921, le vétérinaire Camille Guérin et le médecin Albert Calmette étudient la bactérie responsable de la maladie chez la vache et développent un bacille tuberculeux inoffensif qui ouvre la voie au BCG (Bacille Calmette Guérin, le seul vaccin au monde ayant les initiales de ses découvreurs !). Décidés à le rendre accessible dans le monde entier, ils refusent de déposer un brevet. Le BCG devient obligatoire en France à partir de 1950. Il n'est plus obligatoire depuis 2007, mais reste recommandé pour les populations à risque dans les zones où la tuberculose circule beaucoup.
Le vaccin contre la diphtérie est créé en 1923 et celui contre le tétanos et la coqueluche en 1926. Un premier vaccin contre la fièvre jaune voit le jour à l'Institut Pasteur de Dakar en 1932. En 1944, le médecin Thomas Francis Jr est chargé de développer un vaccin contre la grippe pour protéger les soldats américains en pleine Seconde Guerre mondiale. En 1955, le médecin américain Jonas Salk met au point un vaccin contre la poliomyélite. Aujourd'hui, selon l'ONU, les efforts accrus de vaccination dans le monde rendent possible l'éradication complète de cette maladie. Plusieurs vaccins contre le coronavirus SARS-CoV-2 sont développés début 2020. En 2021 on ne dispose toujours pas de vaccins contre le paludisme, l'hépatite C, le VIH, la syphilis...
Médecin interniste au CIEM