Bonne lecture.
L’équipe médicale du CIEM.
Dépistage du cancer colorectal : du nouveau
Après le poumon, le côlon est la seconde cause de mort par cancer en France. Chaque année, en France, le cancer colorectal touche 42 000 personnes et est responsable de 17 500 décès (5 fois plus que les accidents de la route). Il s'agit d'un réel problème de santé publique.
Quel risque a-t-on d'être atteint d'un cancer colorectal ?
Voilà de nombreuses années que les populations à risque ont pu être identifiées. Ainsi on distingue les personnes à :
Risque très élevé (1 à 3 % des cancers) :
- membres d'une famille atteinte de polypose adénomateuse familiale (caractérisée par la présence de nombreux polypes du tube digestif).
- membres d'une famille présentant des cas de cancer colorectal héréditaire non polyposique, également appelé syndrome de Lynch (avec cancers multiples : utérus, ovaire, voies biliaires, estomac...).
Risque élevé de cancer colorectal (15 à 20 % des cancers) :
- antécédent(s) unique ou multiples de cancer colorectal au premier degré (parents, frères, sœurs, enfants) quel que soit l'âge.
- antécédents multiples (≥ 2) de cancer colorectal au deuxième degré (grands-parents, oncles, tantes), quel que soit l'âge.
- antécédent(s) unique ou multiples de polype au premier degré quel que soit l'âge.
Risque moyen de cancer colorectal (80 % des cancers) :
- Toute personne âgée de plus de 50 ans.
Comment réduire ce risque ?
Pour les personnes à risque élevé et très élevé, le dépistage doit être impérativement la coloscopie. C'est le seul examen qui permet la détection et le traitement de lésions précancéreuses. Ce dépistage sera débuté à un âge variable en fonction des facteurs de risque. Il sera renouvelé à un rythme variable (3 à 5 ans) en fonction du résultat du premier examen de dépistage.
Pour les personnes à risque moyen qui constituent la grande majorité de la population, la réalisation d'une coloscopie n'est pas impérative mais le dépistage reste essentiel.
Les gastro-entérologues seraient dans l'incapacité de réaliser tous ces examens et les études montrent de mauvais rapports bénéfice/risque et coût/ bénéfice. C'est pour cette raison que depuis 2009, le dépistage du cancer colorectal a été organisé en France sous l'initiative de la Haute Autorité de Santé (HAS) grâce au test Hémoccult proposé par les Caisses d'Assurance Maladie des différentes régions tous les 2 ans à toute personne âgée de 50 à 74 ans dans l'espoir de réduire le nombre de décès à 1000 cas par an. Ce test est proposé au CIEM depuis plus de 20 ans à tous les adhérents à risque moyen dès l'âge de 45 ans. Ce test, certes simple, nécessite le recueil 3 jours de suite de 2 prélèvements de selles. C'est certainement ce qui explique la faible participation à cette campagne de prévention : 31 % à l'échelon national, identique à celle observée au CIEM.
La nouveauté
Voilà plusieurs années que les scientifiques ont mis au point un test immunologique qui permet de détecter 8 cancers sur 10, à un stade le plus souvent curable, au lieu des 4 sur 10 avec le test Hémoccult mais aussi 4 fois plus de lésions précancéreuses qui peuvent être enlevées au cours d'une coloscopie. Depuis 2008, l'HAS avait recommandé le passage à ce test immunologique. Les autorités de tutelle ont accepté fin décembre la mise en place de ce nouveau test. Cela sera effectif dans le courant du premier semestre 2015. Outre son efficacité, il aura l'avantage de la simplicité : un seul prélèvement nécessaire, prélevé grâce à un tube à essai muni d'une petite aiguille, évitant ainsi de manipuler les selles. Sachez que dès que ce test sera disponible en France, chaque adhérent du CIEM à risque moyen de cancer colorectal se verra proposer cet examen à la suite de chaque bilan à partir de 45 ans. Mais le futur, c'est le test sanguin qui permet la détection d'ADN tumoral circulant et en particulier le gène SEPT9 méthylé par la technique PCR. Les premiers résultats montrent une sensibilité de 81 % et une spécificité de 99 %. Une confirmation de ces résultats est nécessaire mais on peut se demander, vu la lenteur des démarches administratives, quand ce test sera à notre disposition.
Directeur Médical au CIEM