Bonne lecture.
L’équipe médicale du CIEM.
Le point sur les facteurs de risque cardio-vasculaire
Un facteur de risque cardio-vasculaire est un facteur dont la présence augmente le risque de survenue d'un événement cardio-vasculaire grave, tels que les infarctus du myocarde (IDM), les accidents vasculaires cérébraux (AVC), et l'atteinte des artères des membres inférieurs, nommée artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). Les facteurs de risque sont bien identifiés, et leur développement doit être prévenu, car cette stratégie est efficace à l'échelle d'une population, en sachant que prédire le risque d'un individu donné est beaucoup plus incertain. On distingue les facteurs de risque modifiables (tabagisme, hypertension artérielle, diabète, excès de mauvais cholestérol…) des facteurs de risque non modifiables (âge, sexe, hérédité).
Prévenir les maladies cardio-vasculaires, c'est lutter contre les facteurs de risque modifiables : le tabagisme, l'hypertension artérielle, l'excès de cholestérol, le diabète, la sédentarité.
Le tabagisme reste un grand pourvoyeur de complications cardiologiques et carcinologiques (cancer bronchique, ORL etc.), raison pour laquelle les politiques de santé encouragent les mesures éducatives visant à prévenir l'initiation au tabagisme et à encourager les mesures de sevrage tabagique complet. Le risque cardio-vasculaire est exponentiel, et augmente avec l'intensité du tabagisme et son exposition au cours du temps.
L'hypertension artérielle constitue également un facteur de risque majeur. La normale en consultation est définie comme inférieure à 140/90 mmHg. Compte-tenu de la variabilité non négligeable de la pression artérielle (PA) en consultation, il est recommandé, en cas de chiffres de PA augmentés en consultation de réaliser des séances d'automesures à domicile sur 3 jours consécutifs et/ou de réaliser un holter tensionnel (MAPA) pour confirmer le caractère permanent de l'hypertension artérielle, avant de débuter un traitement. Les normes de la PA à domicile sont inférieures à 135/85 mmHg sur la moyenne d'au moins 18 mesures (sur les 72h requises). Les objectifs sont simples : la PA doit être inférieure à 140/90 mmHg en consultation (objectif < 150/80 mmHg chez les patients de plus de 80 ans en évitant les « chutes de tension »), inférieure à 135/85 mmHg en automesures à domicile, et pour la MAPA < 135/85 mmHg en période diurne, < 120/75 mmHg en période nocturne.
L'excès de mauvais cholestérol (nommé « LDL –cholestérol ») favorise également la survenue de complications cardio-vasculaires. Ce mauvais cholestérol peut être d'origine endogène (fabriqué en excès et/ou mal éliminé par notre organisme) ou exogène (apports alimentaires trop « riches » en mauvais cholestérol, fourni par les graisses saturées). La normale chez un individu qui n'a pas fait de complication cardio-vasculaire doit être inférieure à 1,60 g/l, sur la base de données épidémiologiques concordantes, et inférieure à 1 g/l après un accident cardio-vasculaire (avec un objectif inférieur à 0,70 g/l dans certaines situations à très « haut risque »).
Le diabète est également un fléau au niveau cardio-vasculaire, qui peut être prévenu par des mesures hygiéno-diététiques simples et efficaces, telles que l'activité physique régulière (au moins 2h30 par semaine), la lutte contre le surpoids et l'obésité, la diminution des sucres rapides, notamment en dehors des repas, et plus généralement des aliments qui provoquent des pics de glycémie (niveau de sucre dans le sang). Si un diabète survient et que les mesures hygiéno-diététiques sont insuffisantes bien qu'indispensables, un traitement, le plus souvent par voie orale, sera initié. Les objectifs sont fixés par le taux d'hémoglobine glyquée (HbA1c) avec un objectif souvent < 7 %, parfois < 6.5 % pour les diabètes débutants chez des patients « jeunes », ou à l'inverse moins strict pour des patients âgés et/ou présentant des polypathologies.
La lutte contre la sédentarité, l'obésité, le stress psychosocial relève de mesures sociétales et individuelles, et nécessitent un travail de longue haleine devant la difficulté à modifier les habitudes d'un individu et d'une société dont il est partie prenante.
Malgré les progrès réalisés dans le domaine de la prévention et de la prise en charge des facteurs de risque cardio-vasculaire, les accidents cardio-vasculaires demeurent une cause majeure de mortalité dans le monde et également en France. L'espérance de vie sans handicap des Français montre que des progrès ont été accomplis, mais l'augmentation de la prévalence de l'obésité et de la sédentarité incite à ne pas relâcher les efforts d'éducation et de prévention.
Cardiologue